« L’enthousiasme est là quand vous prenez un profond plaisir à faire ce que vous faites et que vous avez aussi un objectif ou une vision. Quand la vision vient s’ajouter au plaisir de ce que vous faites, la fréquence de votre champ énergétique change. Un certain degré de ce que nous pourrions qualifier de tension structurelle vient s’ajouter au plaisir, qui se transforme en enthousiasme. Au summum de l’activité créatrice alimentée par l’enthousiasme, il y aura une énorme intensité et une puissante énergie. Vous aurez l’impression d’être une flèche qui se déplace vers sa cible et qui apprécie chaque instant de son déplacement. » Eckhart Tolle
En mai, je teste pour la première fois le système électrique, après des mois à étudier ce nouveau domaine, à planifier, raccorder, sécuriser chaque câble du cockpit à chaque composant aux quatre coins de l’avion. Le master switch est basculé sur batterie, le contacteur à l’arrière du fuselage signale par un petit claquement typique que les électons circulent. Les écrans s’illuminent les uns après les autres pour la première fois, c’est Noël avant l’heure !
La mise en service des freins, elle, ne se passe pas du tout comme prévu ! Fuite du liquide, impossibilité de purger l’air du circuit, frein de parc qui ne fonctionne pas. Heureusement Christophe et Jean-Marc ne sont pas loin, le moral remonte !

La calibration des indicateurs d’attitude et de cap nécessite de mettre l’avion très précisément en ligne de vol, mais au sol. Celle des gauges de réservoirs, pour optimiser le calcul des quantités de carburant, se fait par incrément de 10 litres, en laissant se stabiliser l’indication avant la mise en mémoire. Il ne reste qu’à purger 110 litres d’essence dans 11 estagnons et recommencer avec le réservoir suivant ! Nous continuons ensuite, avec l’aide précieuse de Didier, la configuration de l’avionique. Chaque indication, chaque plage de valeur doit être programmé en fonction du type de capteur et des valeurs limites souhaitées. Les tests se succèdent avec grand enthousiasme mais sans précipitation, contrôle du system pitot/statique, du transpondeur, débattement des gouvernes, test du débit de carburant aux grands angles, poids et centrage.
Les jours passent, les moments plus compliqués aussi. Patiemment, naturellement tout se met en place. Le 22 août par une superbe journée d’été, le Lycoming YIO-540-D4A5, 6 cylindres associé à son hélice MT tripale, sort de son sommeil, Il tourne pour la première fois, onctueux, harmonieux, équilibré… Moment de pur bonheur !
Les derniers tests peuvent avoir lieu et l’épais dossier technique bouclé, par hasard, le 27 août 2025, 7 ans jour pour jour après le début du projet.

Je peine à réaliser que la construction touche à sa fin. Le fameux premier vol approche à haute vitesse ! J’ai réussi toutes ces années, sans trop d’effort, à occulter ce moment. Pour moi le but était simplement de construire un avion. Ne pas trop se projeter, vivre l’instant présent et apprécier au maximum chaque jour de travail, telle aura été ma ligne de conduite. Lorsque l’enthousiasme prenait un peu trop le dessus et que la durée des journées de travail devenait déraisonnable, Vasita était là pour élégamment me la rappeler.
Yankee Bravo est déjà bien plus qu’un avion. Il devrait prendre son envol dans quelques semaines. Sa construction aura été une sacrée expérience, une expérience de vie, enrichissante et unique, comme l’aide et le soutien que nous avons reçu tout au long du chemin.
Un très beau chapitre se ferme, un autre va bientôt s’ouvrir…
L’aventure continue !